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L'Amérique entre nous
EAN13
9782889279821
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
DOMAINE FRANCAIS
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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L'Amérique entre nous

Zoé

Domaine Francais

Indisponible

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Comment vivre deux amours en parallèle sans être déchirée ni blesser l’autre,
comment tout concilier ? La question est vieille comme le monde. Aude Seigne
dans ce nouveau roman cherche une issue du côté de l’amour libre. Comme elle
s’est plongée dans l’histoire syrienne avec Les Neiges de Damas, a enquêté
dans les coulisses d’Internet avec Une toile large comme le monde, elle
réfléchit ici sur le polyamour et l’éprouve au travers d’un roman en deux
temps : le voyage américain d’est en ouest et retour, et parallèlement, la
remémoration des six derniers mois avant le départ : la rencontre avec Henry,
le début d’un sentiment amoureux, l’amour qui se confirme: « la rêverie est de
moins en moins possible, la résolution nécessaire. » Il faut retenir de ce
roman une fraîcheur et une énergie remarquables dans l’écriture ainsi qu’une
très grande honnêteté et une intelligence qui infusent l’ensemble du texte.
L’amour et l’Amérique : « L’amour est comme la route américaine, bordée de
clichés, fascinante quand même. Henry et l’immensité, ce n’est pas si
différent. Ce pays me fait le même effet que lui: il me fait perdre la tête,
me donne envie d’être exhaustive. » Le ciel américain, le fantasme américain,
les clichés américains : « Le ciel crépite, devient bordeaux puis mauve,
dépêche des palettes de couleurs que je croyais impossibles sans Photoshop. »
« La lumière est d’une beauté d’apocalypse. Je pose mes pieds nus sur le
rebord de la fenêtre, les photographie avec le paysage immense en arrière-
plan. Moi qui voulais éviter le cliché, je me délecte d’y coller, d’imaginer
les images et les mots que je mettrai sur cet instant. » L’Amérique, le corps
des stars et le sexe : La narratrice, journaliste pour un magazine de cinéma,
profite de son voyage américain pour faire une enquête sur le corps des stars,
le sexe au cinéma ; c’est que pour elle, l’Amérique est « recouverte d’un film
cinématographique » : « Il y a cette idée, très répandue dans le milieu du
cinéma, selon laquelle le tournage d’une scène de sexe est mécanique, que la
présence de l’équipe évite toute ambiguïté entre les acteurs. Lena n’est pas
d’accord, elle dit que ce qui se passe sur l’écran est réellement arrivé à son
corps, même si ça n’est pas exactement elle que ça concerne. Elle m’a confié
qu’un jour, après avoir tourné des scènes de baiser avec deux acteurs
différents, elle a embrassé l’ami qu’elle retrouvait le soir, après le
travail, par erreur ou par réflexe. Placage de la fiction sur sa vie privée.
Je restructure mes notes, tente d’y déceler des pistes ou des manques. De plus
en plus, la carte blanche de Daisy m’offre l’opportunité de mettre de l’ordre
dans cette fascination pour la fiction qui m’habite depuis l’enfance –
l’impact des images sur nos vies et des histoires que nous nous racontons. »
Le voyage pour réparer un couple tout en confessant un amour pour un autre : «
Il pourra me reprocher, je le sais, de briser les choses au moment où tout va
bien. Nous sommes réconciliés ce soir-là, le voyage a fonctionné, nous a
rapprochés. Je ne sais pas encore comment il se termine, mais je sais que j’ai
retrouvé suffisamment de force pour être sincère, et que si je veux avoir le
droit d’aimer deux personnes à la fois, je dois le demander. » Tomber amoureux
: « Je sais juste que je suis exagérément heureuse avec lui, comme si toute
pesanteur était balayée par sa présence. (…) Je me répète qu’il ne m’intéresse
pas, qu’il est juste très beau. Je me dis qu’une main dans la nuit ne peut pas
déclencher ça, que ce serait mièvre, vraiment stupide. J’enfouis le reste,
l’intuition qu’il est déjà trop tard, que cette intensité est inéluctable. Je
fuis, rentre chez moi en marchant aussi vite que possible sous la pluie du
siècle. Lorsque j’arrive à la maison, Emeric est déjà au lit, ce qui m’agace
sans que j’en comprenne la raison. Le lendemain, je reçois un message de
Henry, qui me demande pourquoi je suis brusquement partie. J’accable Emeric de
reproches futiles — le linge qui n’est pas plié, ses chaussettes qui traînent.
» « Je sens le désir et le déni, leur alternance insupportable. » « (…) Je me
rends compte que j’aime Henry tout le temps, quand nous discutons, quand nous
travaillons, quand nous nous touchons, mais aussi quand il est agaçant,
égoïste, menteur, quand il tient ses discours pompeux sur le couple ou sur son
besoin ambigu de construire une famille. Je l’aime même quand je ne l’aime pas
vraiment, quand il ne fait rien qu’exister un tout petit peu aux alentours de
mon existence à moi. Andrea parle de ma ténacité pendant les études, dit que
j’aime Henry comme je fais des projets: je m’applique, je l’observe pour
l’aimer mieux, j’apprends pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Je suis
d’accord de tout quand il s’agit de lui. La narratrice ne cesse de retarder le
moment de l’aveu : « Entre les algues à ne pas écraser et ces décors
surdimensionnés, je jubile d’une insouciance retrouvée. Et l’instant d’après,
nous nous retrouvons à deux, je ne révèle rien alors que je pourrais, et je me
sens de plus en plus coupable. » Le polyamour : « La comparaison est demandée,
mais elle me semble si cliché que je m’y refuse. Avant le voyage, lorsque je
parle de Henry à des amis, les réactions sont souvent les mêmes. Que trouves-
tu à Henry que tu n’aies pas avec Emeric? Ne peux-tu pas être heureuse avec ce
que tu as? Pourquoi mettre tout en danger? J’ai l’impression d’être dans un
magasin de meubles, face à deux modèles disposés côte à côte pour faciliter la
comparaison.. Je réponds que je ne veux rien détruire, que je ne veux abuser
de personne, que je veux juste vivre ce qui existe déjà. Et pourtant je me
sens coupable. Est-ce une histoire que je me raconte? « Andrea prend son sac
sur ses genoux, en sort trois livres qu’elle tient entre ses mains comme un
jeu de cartes : Anaïs Nin, Camille Laurens, Liv Strömquist. Elle dit que
depuis toujours, on parle de ça, l’amour, les amours, la fidélité, le désir,
elle dit que ça semble chaque fois unique mais qu’on est un peu bête quand on
est amoureux, qu’on cherche des explications et des métaphores. Le désir
surtout, elle dit qu’on le raisonne comme on peut. La fin du voyage : « Il
fait déjà nuit lorsque nous faisons les cent pas dans l’aéroport de Boston.
Cette attente me pèse, ce sas dans lequel le voyage semble déjà aussi lointain
que l’arrivée. Je marche dans le long bras téléscopique jusqu’à l’avion,
prends place dans le siège étroit contre le hublot en scellant ma ceinture
comme on referme un livre. Je suis remplie de ce paradoxe : avoir remplacé des
années de rêves, de fantasmes et de projections par une réalité, qui s’avère
différente, mais pas décevante. Il m’est de plus en plus difficile de me
souvenir de ce que j’imaginais de l’Amérique sans l’avoir vue. À mesure du
voyage, ou simplement du temps, les projections ont disparu, remplacées par
une expérience toute aussi individuelle. Rien ne reste de l’avant, si ce n’est
des images de routes ou d’épaules idéales. » A 15 ans, un camp itinérant en
Grèce lui révèle ce qui sera sa passion et son objet d’écriture privilégié
pendant les 10 années qui suivront : le voyage. En parallèle de ses études
gymnasiales, Aude Seigne commence donc à voyager pendant l’été : Grèce,
Australie, Canada, La Réunion. Le lycée terminé, elle prend une année
sabbatique et découvre alors l’Europe du Nord, de l’Est, et le Burkina Faso.
Elle effectue ensuite une licence puis un master en lettres – littérature
françaises et civilisations mésopotamiennes – pendant lesquels elle continue
d’écrire et de voyager autant que possible : Italie, Inde, Turquie, Syrie.
Tous ces voyages, ainsi que la rêverie sur le quotidien, font l’objet de
carnets de notes, de poèmes et de brefs récits. C’est à la suite d’un séjour
en Syrie qu’Aude Seigne décide de les raconter sous la forme de chroniques
poétiques. Parues en 2011 aux éditions Paulette, ces "Chroniques de l’Occident
nomade" seront récompensées par le Prix Nicolas Bouvier et sélectionnées pour
le Roman des Romands 2011. La même année, le livre est réédité aux éditions
Zoé. En 2015 paraît Les Neiges de Damas, suivi en 2017 d’Une toile large comme
le monde, tous deux aux éditio...
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