Vendre la guerre, Le complexe militaro-intellectuel
EAN13
9782815949262
Éditeur
Editions de l'Aube
Date de publication
Collection
Monde en cours - Essais
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Vendre la guerre

Le complexe militaro-intellectuel

Editions de l'Aube

Monde en cours - Essais

Indisponible

Autre version disponible

« Tant mieux si j’y suis pour quelque chose » déclarait BHL le 1er avril 2018.
Au même moment se déroulait la seconde bataille de Tripoli lors de la seconde
guerre civile libyenne après le renversement de Kadhafi. Le propos de BHL
traduisait ainsi la triple ambigüité d’un des membres les plus actifs du
complexe militaro-intellectuel : belliciste mais pas combattant ;
propagandiste actif des « guerres justes » même si le remède s’avère pire que
le mal ; enfin, symbole de « l’intellectuel Teffal » sur lequel les critiques
glissent sans accrocher. Mais BHL n’est que la figure la plus médiatique du
complexe militaro-intellectuel mêlant penseurs néo-conservateurs, radicaux
religieux, universitaires, humanitaires, intellectuels, hommes politiques
d’opposition, diasporas, associations droitsdelhommiste, associations
sécessionnistes, journalistes… Complexe qui a pris une place grandissante en
une trentaine d’années. La disparition du grand ennemi soviétique a d’abord
plongé les cercles stratégiques officiels dans un grand désarroi : c’est la
Catastroika. Le risque de l’apocalypse nucléaire disparu, l’interventionnisme
militaire redevenait envisageable dans un paysage mondial en ébullition et
sans matrice. Après la victoire éclair de la Guerre du Golfe (120 heures), les
plateaux télé deviennent le lieu du débat autour « d’experts » qui mandatent
l’Occident en gendarme international, médiatisent telle ou telle crise,
prétendent désigner le méchant, fustigent l’inaction des politiques et
convainquent que telle guerre est « juste » et gagnable. Après le 11
septembre, le « terroriste religieux » prend la place du communiste. Ennemi
intérieur et extérieur imprévisible, lui aussi désoriente. Les soviétologues
ont laissé la place à floraison d’experts du terrorisme et de l’islamisme.
Chacun y va de son commentaire, en particulier les psy tiraillés entre
irrationalité du radicalisme religieux et irresponsabilité pénale. La
communauté des Defense intellectuals comme les appellent les Américains,
transformés en conseillers militaires, ont convaincu de mener des guerres
morales sans enjeu stratégique. Une double négation : « On ne peut pas ne pas
! » suffisait parfois à convaincre des politiques qui n’avaient jamais fait la
guerre et pensaient aux échéances électorales à venir. La guerre globale
contre des concepts (terrorisme et prolifération), autorise des guerres «
préventives » selon une liste discrétionnaire et étonnante : Afghanistan,
Irak, Syrie, Mali, RCA, mais jamais Arabie saoudite. Des actions anti-
terroristes se mènent en violation des règles démocratiques (prisons secrètes,
assassinats ciblés…). Le complexe militaro-intellectuel nous semble donc utile
pour comprendre la quarantaine d’interventions militaires occidentales de
toutes natures depuis 1991. Celles-ci auraient fait selon le Watson Institure
(Brown University) depuis le 11 septembre environ 800 000 morts (hors Lybie)
dont 15 000 Occidentaux. Les militaires sont militaristes mais pas
bellicistes, en revanche le complexe militaro-intellectuel est un agrégat de
bellicistes thaumaturges décidés à faire la guerre pour faire le bien. Par le
passé, des intellectuels, militants politiques, journalistes ou personnalités,
ont pris les armes pour défendre tel ou tel camp. Les acteurs du complexe
militaro-intellectuel actuel ne se battent plus que sur les plateaux télé.
Comment fonctionne ce complexe ? Comment est-il né ? Comment a-t-il bâti son
propre pouvoir ?
S'identifier pour envoyer des commentaires.