• Conseillé par (Libraire)
    13 octobre 2022

    Attaquer la terre et le soleil

    Les atrocités absurdes (ou absurdités atroces) de la colonisation de l'Algérie durant les années 1840. Deux points de vue alternent : celui d'un soldat évoluant au sein d'un bataillon sanguinaire chargé de mater les rebellions et celui d'une femme partie de France avec sa famille pour cultiver une terre rétive.
    Pas franchement de la littérature "feel good". De la très bonne littérature tout de même !


  • Conseillé par
    13 février 2023

    Algérie

    Les deux récits se déroulent dans l’arrière-pays de Bône en Algérie pendant les premières années de la colonisation.

    Nous suivons une famille de migrants fraichement arrivée et un groupe de soldats chargés de « pacifier » la région.

    J’ai appris du vocabulaire : le yatagan (sabre turc utilisé par les algériens) – le fondouk (hôtellerie et lieu où sont entreposées les marchandises) – le douar (groupement d’habitations).

    J’ai découvert que les soldats n’étaient pas des anges, et cette formule est répétée à l’envie.

    Comme les migrants, j’ai découvert avec horreur que les colonisés coupaient les têtes des colonisateurs qui étaient sans protection.

    Mais j’ai souffert avec la colonie de migrants qui passe son premier hiver dans le froid, puis est victime du choléra, puis des attaques des villageois.

    Un roman qui ouvre les yeux sur la brutalité de la colonisation et le nombre de morts des deux côtés pour la possession aléatoire d’un bout de terre.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des deux capitaines (celui du groupe de migrants et celui des soldats) qui prononcent des discours enflammés pour motiver les troupes.

    https://alexmotamots.fr/attaquer-la-terre-et-le-ciel-mathieu-belezi/


  • Conseillé par (Libraire)
    5 septembre 2022

    Incandescent

    C’est comme le soc de la charrue qui fend la terre en deux, cette terre qui n’a jamais été ouverte aux graines et aux semences, cette terre ingrate d’Algérie que viennent travailler des colons de France encouragés par leur gouvernement dans les années 1840. A droite du sillon, ces colons : « Vous êtes la force, l’intelligence, le sang neuf et bouillonnant dont la France a besoin sur ces terres de barbarie ».
    A gauche, derrière le soc, des soldats venus « pacifier » les barbares, apporter la civilisation au bout de leurs fusils.
    L’écriture de Mathieu Belizi est comme cette charrue, elle divise l’histoire en deux. Celle de Séraphine, femme colon qui arrive avec sa famille, son mari, ses enfants. Et puis celle d’un soldat ordinaire, non gradé, qui apporte sa violence comme un bienfait civilisateur.
    Des deux narrateurs, on ne sait rien de leur passé, de leurs histoires qui les amènent sur le sol algérien. Pour les colons, il faut affronter le sursaut de la nature et de ses épidémies comme le choléra, il faut se protéger de ces inconnus qui massacrent femmes et hommes quand ils s’éloignent des camps de toile. Pour les soldats il faut tuer et tuer encore pour prendre possession des villages, accaparer les provisions, violer les femmes et trancher les têtes des rebelles.

    Le récit est grave, il nous emmène dans l’effroi. Nous sommes au XIXe siècle mais nous avons le sentiment pareillement de rentrer dans les rues d’Oradour sur Glane, de fracasser les portes de la Casbah d’Alger un siècle plus tard. Peu de ponctuation, comme pour rendre plus fluide la parole et rendre encore moins exceptionnelle cette violence banale qui ne mérite pas de majuscules ou d’effets de style. Seuls dans leurs souffrances Séraphine et le soldat anonyme ne se rencontreront pas, chacun restera cloîtré dans sa condition de civilisateur amenés là presque à leur insu, pour satisfaire les besoins de puissance d’une nation. Pions sur un échiquier, on les déplace à leur insu, les faisant porteurs d’une félicité et d’un bonheur impossibles.
    Grand est ce texte impitoyable.


  • Conseillé par (Libraire)
    1 septembre 2022

    Une lecture marquante

    L'écriture de Mathieu Belezi est sans concession, âpre, à l'image de ces personnages pris dans l'engrenage terrible de la colonisation algérienne au XIXe siècle.
    Tout est vain, il dépeint un désastre à travers la voix d'une femme déjà consciente des catastrophes à venir, débarquant sur un territoire qu'elle ne connaît pas "c'était comme si chacun de nous, pauvres et natifs apprentis colons à peine débarqués, était déjà en train de pourrir et de se décomposer". Et celle des soldats français, suivant des directives iniques, pillant un pays et piétinant la dignité des autochtones. Mathieu Belezi tranche par un style incisif, un langage parfois trivial, un rythme oscillant entre langueur et célérité et dénonce avec force la folie et la barbarie de ces hommes.
    Un texte bref, une lecture marquante.


  • 3 août 2022

    Un récit âpre, percutant, véritable uppercut

    XIXème siècle, une poignée de colons français encouragés par l'Etat s'installent sur les terres arides et infertiles de l'Algérie, promesse d'un avenir meilleur. Dans le même temps, les soldats de la République envoyés pour "pacifier" le pays se livrent aux pires outrages sur les populations locales. Plusieurs mondes se frottent et se heurtent dans l'incompréhension et l'ignorance la plus totale les uns des autres.
    "Attaquer la terre et le soleil" évoque la genèse de la colonisation en Algérie, un récit âpre, percutant, véritable uppercut !