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Le carton de mon père, Réflexions sur l'héritage
EAN13
9782889073498
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
DOMAINE ALLEMAND
Langue
français
Langue d'origine
allemand
Fiches UNIMARC
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Le carton de mon père

Réflexions sur l'héritage

Zoé

Domaine Allemand

Indisponible

Autre version disponible

Lukas Bärfuss traverse la question de l’héritage en un large aperçu, de la
Genèse à notre présent. Il part d’un fait très personnel, un carton retrouvé
lors d’un grand rangement qui réveille le souvenir de son père, décédé un
quart de siècle plus tôt. Bärfuss avait refusé son héritage, certain de
n’hériter que de dettes, sans pour autant échapper à la question de la
responsabilité. Petit criminel, son père avait fait de la prison et vécu
chichement en enchaînant les boulots précaires, pour finir plus ou moins dans
la rue. En inventoriant le contenu de ce carton, seul vestige de ce père qui
ne l’a pas élevé, Bärfuss revisite sa propre enfance et sa jeunesse qu’il
passe lui aussi dans la rue, tout près de suivre la voie de son père si la
vocation d’écrivain ne l’avait pas fait bifurquer à temps. Les questions
surgissent : qu’a-t-il hérité de ce père absent, criminel à la petite semaine
? Et que laisse-t-on en héritage, quand on n’a ni propriétés, ni fortune, mais
plutôt des dettes à léguer ? Lukas Bärfuss part de cette question personnelle
pour l’élargir au fonctionnement de notre système économique et à la planète
telle qu’elle sera laissée aux générations futures. Car l’héritage peut
évidemment être aussi négatif, quand il se compose de l’accumulation des
déchets et de ressources premières surexploitées qui se raréfient. Au cœur de
ce court essai, la question de l’origine, « l’obsession de l’arbre
généalogique » : Lukas Bärfuss déconstruit notre tendance à nous définir par
nos ancêtres, à faire de la famille le lieu d’accomplissement par excellence
alors qu’elle est souvent source de bien des névroses. Extrait de l’incipit «
[Ce carton,] c’était la seule preuve de l’existence d’un homme dont on disait
qu’il avait été mon père. Comme la plupart des gens de mon enfance, il avait
disparu presque sans laisser de traces. De ma mère, je ne possédais qu’une
demi-douzaine de photos, autant de mon père, et il n’y avait aucun vestige de
mon jeune moi, aucun album avec de jolis portraits de famille, aucun bricolage
réalisé pendant les travaux manuels. Je recevais parfois des photos de classe
de la part de mes anciennes institutrices, une fois même un sac contenant de
vieux cahiers d’école. Sinon, il ne restait rien, ni meubles, ni bijoux, ni
livres, alors que la moitié de ma parenté gisait sous terre. J’avais passé une
partie de ma jeunesse dans la rue, sans adresse fixe, et quand on n’a pas de
domicile, de logement, on ne transporte presque rien avec soi, pas de
dossiers, pas de souvenirs et, en papiers, seulement ce qui peut servir à
rembourrer son pull pendant les nuits froides. C’est pourquoi mon enfance
n’était tangible que par fragments et ce carton de bananes en était l’un
d’eux, un fragment essentiel. C’était une bizarrerie, une anomalie, sans but
ni utilité. Et pourtant, il renfermait une partie de mes origines et un
chapitre de mon histoire, mais comme j’avais tout fait pour échapper à cette
origine et à cette histoire, j’avais toujours évité de m’y intéresser de plus
près. Je connaissais son contenu, c’est en tout cas ce que j’avais cru ces
vingt-cinq dernières années, et je n’avais pas jugé nécessaire de m’en
assurer. Mais voilà qu’une curiosité lancinante s’est éveillée en moi. Je ne
pouvais plus supporter la présence discrète de ce carton, j’entendais le
silence au sujet de mon père. Et je ne voulais pas que ce silence se
transmette un jour à mes enfants. Il était de ma responsabilité de donner une
place à ce carton, dans le coffre-fort, aux oubliettes ou la poubelle. La
question de l’héritage se posait pour moi comme pour chacun : un jour, on doit
s’en occuper. C’est pourquoi il me fallait ouvrir ce carton et regarder son
contenu de plus près. J’appréhendais, en tout cas j’y songeais à contrecœur.
En raison de l’histoire qui y était associée. » Né en 1971, Lukas Bärfuss
habite à Zurich. Son père, petit malfrat, a fait de la prison puis vécu de
petits boulots avant de mourir SDF dans la rue. Lukas a lui aussi passé
plusieurs années de son adolescence dans la rue. Avant de vivre de sa plume,
il a été ferrailleur et jardinier, puis a repris une librairie. Aujourd’hui
dramaturge, romancier, essayiste, il est l’un des auteurs germanophones les
plus connus, récompensé en 2019 par le très prestigieux prix Georg-Büchner.
Ses pièces de théâtre sont traduites et jouées dans le monde entier. Parmi ses
romans, Cent jours cent nuits (L’Arche éditeur, 2009 / Zoé Poche, 2024), qui
raconte le génocide rwandais, Koala (Zoé, 2017), retraçant le destin du frère
de l’auteur, suicidé, Hagard (Zoé, 2018), récit d’une traque et d’une perte de
contrôle subite et totale. Politique, combatif, dans la tradition des grands
intellectuels allemands (Heiner Müller, Thomas Bernhard), Lukas Bärfuss lutte
pour un monde où les valeurs de l’esprit l’emporteraient sur celles de
l’économie. Bärfuss se confronte aux questions de société, en particulier
celles qui concernent les plus faibles. Cela toujours de manière très
personnelle. Ses textes, il les imprègne d’une force rythmique qui vient de
son expérience de dramaturge. Il en ressort un puissant effet de réalisme, une
dramatisation des situations en peu de mots. Lukas parle très bien le
français, est à l’aise pour les entretiens et les émissions, son charisme est
évident. Le traducteur Diplômé de l’École de traduction littéraire du
Centre national du livre (CNL), Lionel Felchlin a entre autres traduit
Friedrich Glauser, Peter von Matt et Lukas Bärfuss, plus récemment Les gens
de Seldwyla de Gottfried Keller.
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